Nitrates : le nouveau plan irrite les agriculteurs

En Bretagne, les discussions au sein du comité régional de concertation qui prépare le nouveau plan de lutte contre les nitrates font grincer les dents des agriculteurs. La FDSEA et les Jeunes agriculteurs ont ainsi boudé la dernière réunion, à la fin du mois de juillet. Ils dénoncent des mesures trop tatillonnes proposées par l’État.

Ce sera déjà le 6e programme de lutte contre les nitrates. Dans quelques semaines, après plusieurs réunions de concertation associant notamment les représentants du monde agricole, il doit être bouclé. Seulement, les premiers intéressés par ces mesures, les agriculteurs, sont remontés. À tel point que Loïc Guines, le président de la FDSEA d’Ille-et-Vilaine, ironise. Il se propose d’offrir à la Dreal Bretagne (la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), un Petit Larousse illustré pour y apprendre le sens du mot concertation.

« Oui, nous avons assisté à une vingtaine de réunions et claqué la porte de quelques-unes. Oui, nous avons été consultés. Mais jamais l’idée d’un projet commun n’a fait son chemin dans l’esprit de ceux qui tiennent la plume pour rédiger cette directive nitrates », explique  Loïc Guines. Il propose, par exemple, que ce nouveau plan s’appuie sur les enseignements des mesures précédentes pour réduire les apports de nitrates, celles qui ont marché, ou pas. Et il redoute  que ce nouveau plan se traduit par plus de contraintes administratives pour les agriculteurs. « Un rouleau compresseur administratif », dénonce-t-il.

« Nous avons évolué »

Loïc Guines évoque, par exemple, l’obligation qui pourrait être faite aux agriculteurs de noter le nombre de jours passés par les vaches dans telle ou telle parcelle de l’exploitation. Histoire de mieux mesurer encore les apports d’azote. Irréaliste à ses yeux. Et puis, insiste-t-il, les agriculteurs « sont assez intelligents » pour faire passer leurs animaux d’une parcelle à l’autre afin de répartir au mieux les apports de nitrates sur leurs champs.

Loïc Guines souligne aussi qu’en matière de qualité de l’eau dans les rivières bretonnes, les choses vont dans le bon sens. Preuve des efforts menés par ses collègues pour être plus soucieux de l’environnement : « Les choses s’améliorent. Nous avons évolué. »

« Le modèle productiviste…»

Autre participant à ce comité régional de concertation sur les nitrates, André Pochon, figure d’une agriculture durable, et représentant de l’association costarmoricaine Vivarmor, déplore l’absence de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs, à cette dernière réunion. Tout en étant d’accord avec eux sur cette obligation de compter les journées de pâturage pour chaque bête.

Mais il tient aussi à mettre en garde la profession agricole. Il lui dit clairement : « Sachez qu’en vous obstinant dans le modèle productiviste, vous entraînez la région dans l’impasse et les éleveurs encore plus, ne serait-ce que par la pression des consommateurs qui exigent des produits indemnes d’antibiotiques ou de pesticides, et des consommateurs de plus en plus attentifs aussi au bien-être animal. »

L’enjeu pour André Pochon ? « Des éleveurs bretons nombreux et prospères avec la fin des algues vertes sur nos côtes. »

Article Ouest France https://www.ouest-france.fr/bretagne/nitrates-le-nouveau-plan-irrite-les-agriculteurs-5912754

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